Ce portail est conçu pour être utilisé sur les navigateurs Chrome, Firefox, Safari et Edge. Pour une expérience optimale, nous vous invitons à utiliser l'un de ces navigateurs.

Église Saint-Pierre

Son clocher est un point de repère incontournable dans le paysage rezéen. Depuis le 19e siècle, l'église Saint-Pierre, réalisée par l'architecte Joseph-Fleury Chenantais, a été à la fois le témoin et l'acteur des nombreuses évolutions urbaines de son quartier. 




Localisation :

Place Saint-Pierre

Quartier Hôtel de Ville

La première église

L'église Saint-Pierre que nous connaissons aujourd'hui est relativement récente car achevée en 1869. Elle remplace alors l'ancienne église datant du 14e siècle, dont très peu de traces ont été conservées. 

Celle-ci était tournée vers l'est, à l'inverse de l'église actuelle dont le chœur est orienté vers le sud. Elle présentait une nef unique avec un chevet plat, à l’emplacement de la place Jean-Baptiste-Daviais et du clocher de l’église actuelle. À l'arrière, se trouvait le cimetière. L'ensemble fut vendu comme bien national à la Révolution à un certain Angebaud : la Ville lui rachète en 1815, contre la cession permanente d’un banc pour assister aux offices. Deux chapelles latérales sont ajoutées dans les années 1840, conférant à l'édifice son plan en croix latine. Au milieu du 19e siècle, il semble que son état soit dégradé, avec un clocher menaçant de s'effondrer (le projet de le doter d'une nouvelle flèche sera vite abandonné). 

De grandes transformations du bourg s'opèrent alors avec la nouvelle voie reliant le sud et le nord de la commune amenant le percement des actuelles rues Jean-Louis et Maréchal de Lattre de Tassigny. Le cimetière est donc déplacé vers son emplacement actuel, afin de pouvoir construire une nouvelle mairie en 1858. 

Face à sa vétusté et son étroitesse pour accueillir une population en augmentation, il est aussi décidé de détruire l'église et d'en construire une autre. Sa démolition n'est effective qu'en 1868 lorsque la nouvelle église peut accueillir les offices religieux, à la demande de l'évêque. Des sablières (poutres de bois) sculptées sont toutefois conservées, aujourd'hui dans les collections du Musée Dobrée à Nantes. 

Construction de la nouvelle église et découvertes archéologiques

C'est en 1859 que le chantier de la nouvelle église Saint-Pierre est officiellement lancé avec l'adoption des plans. Celui-ci va durer une dizaine d'années (et bien plus si l'on prend en compte l'installation des vitraux et l'achèvement du clocher). 

Les travaux sont émaillés par de récurrents problèmes de financement mais aussi par plusieurs découvertes archéologiques, parmi les toutes premières réalisées à Rezé. 

Les ouvriers mettent ainsi au jour différents vestiges de l'époque gallo-romaine dont un laraire (autel ou petit sanctuaire dédié aux dieux Lares protecteurs du foyer et des carrefours), conservé au Musée Dobrée, et les restes d'un hypocauste (système de chauffage par le sol, courant dans les thermes romains).

La construction démarre par le chœur, le transept et les premières travées de la nef afin de pouvoir y célébrer les offices religieux le plus vite possible et abattre l'ancien édifice qui libérera l'espace pour réaliser le reste de la nef et le clocher ainsi qu'une petite place reliée à la mairie de l'époque. 

L'architecte : Joseph-Fleury Chenantais

Le concepteur de l'église Saint-Pierre est loin d'être un inconnu pour les Rezéens de l'époque. Joseph-Fleury Chenantais (1809-1868) est en effet un parent du maire de la Ville à l'époque, Philémon Chenantais qui occupe sa fonction de premier édile de 1848 à 1864. C'est ce dernier qui acte d'ailleurs la destruction de l'ancienne église et la construction de sa remplaçante.

Joseph-Fleury Chenantais a laissé une œuvre architecturale importante dans le département et en particulier à Nantes et Rezé. Son style réinterprète bien souvent des mouvements plus anciens et oscille entre néo-classique, néo-Renaissance ou néo-médiéval.

On lui doit notamment l'ancien palais de justice (aujourd'hui hôtel Radisson-Blu), la manufacture des tabacs, les églises Notre-Dame-de-Bon-Port et Sainte-Anne à Nantes. Outre l'église Saint-Pierre, il réalise également à Rezé le manoir de Praud pour son cousin Philémon.

Un décor néogothique

Le 19e siècle est fortement imprégné par le mouvement romantique et la redécouverte des temps médiévaux, avec des ouvrages comme Notre-Dame-de-Paris de Victor Hugo ou encore les restaurations architecturales de Viollet-le-Duc. L'époque est aussi celle d'un retour marqué à la ferveur religieuse. La combinaison de ces deux facteurs explique en partie la construction (ou reconstruction) de nombreuses églises durant cette période et bien souvent dans un style inspiré par l'art roman ou plus encore par l'art gothique. 

L'un des touts premiers exemples en France est la basilique Saint-Nicolas à Nantes. L'église Saint-Pierre de Rezé, à une moindre échelle, s'inscrit elle aussi dans cet élan.

L'architecte Chenantais joue ici pleinement la carte du néogothique alors en vogue. L'église, plus vaste que la précédente, reprend le plan en croix latine avec la croisée de la nef et du transept, mais orienté cette fois au sud. Les principales caractéristiques du style gothique sont ici mises en œuvre : arcs-boutants à l'extérieur, voûte en croisée d'ogives à l'intérieur. Le grand clocher symbolise l'élévation céleste, tout comme les grandes baies permettant l'implantation des vitraux et les jeux de lumière.

Le décor statuaire n'est pas oublié, avec la présence de gargouilles et d'une galerie de personnages sur le clocher. Enfin, il est à noter que l'église Saint-Pierre présente une particularité : à la croisée de la nef et du transept, la toiture est surmontée d'un pyramidion octogonal qui était à l'origine coiffé d'un clocheton aujourd'hui disparu.

Les vitraux

Les nombreux vitraux décorant l'église Saint-Pierre ont été installés bien après la fin de la construction, dans les années 1890. D'après l'article de J. Seutein et P. Brangolo de 2002, ces vitraux sont l'œuvre du verrier A. Meuret dont l'atelier se trouvait à Nantes. Seuls les vitraux dans les croisées du transept ont été réalisés par le verrier F. Picou.

Redécouverte au 19e siècle, la technique médiévale de la "grisaille" est utilisée pour concevoir ces décors de verres colorés : composée d'oxydes métalliques et d'un liant, la "grisaille" était appliquée sur la surface du vitrail avant sa cuisson pour donner du relief et de la transparence aux peintures.

Les vitraux de l'église Saint-Pierre sont composés de plusieurs ensembles présentant des scènes bibliques, des saints et des personnages de l'Église, certains en référence à l'histoire locale comme le baptême de Saint-Lupien. On y trouve également de nombreux décors ornementaux, d'inspiration géométrique et/ou végétale. Enfin, plusieurs vitraux intègrent les blasons de grandes familles comme celui de la Vierge à l'Enfant, offert par les comtes de Monti, ou les anciennes armoiries de la ville.

Des restaurations successives

Le temps et son usure ont laissé des traces importantes sur l'église Saint-Pierre, qui a également essuyé plusieurs grandes tempêtes et les conséquences des bombardements de 1943. Dès le 20e siècle, d'importants travaux d'entretien et de rénovation ont dû être entrepris.

Une grande restauration est menée dans les années 1960, les murs sont alors très endommagés et des pierres chutent sur la voie publique. Il est décidé une réfection par cimentage, plus rapide et plus économique. Ce choix se révèle en réalité néfaste pour l'édifice : le mortier de ciment étouffe la pierre qui pourrit de l'intérieur. C'est aussi lors de cette campagne que le clocheton est supprimé.

Une nouvelle restauration est réalisée dans les années 2000, avec reprise de nombreux éléments en pierre sur le clocher, les baies ou les arcs-boutants. Une partie des vitraux sont aujourd'hui déposés pour éviter leur dégradation. 

Ce site utilise des cookies techniques nécessaires à son bon fonctionnement. Ils ne contiennent aucune donnée personnelle et sont exemptés de consentements (Article 82 de la loi Informatique et Libertés).

Vous pouvez consulter les conditions générales d’utilisation sur le lien ci-dessous.